Jour 1 :
Cette fois-ci, c’est la bonne ! Une préparation presque parfaite, a deux ou trois détails près, tel que l’oubli de café, de feuille de coca et pour Jérem, gants et bonnet. Un estomac en béton qui ne souffre plus le martyr, un réveil optimal et nous voila à bord d’un car direction Santa Cruz.
Une fois la bifurcation avec la route principale franchie, nous voila embarqué dans une piste parsemée de trous et cailloux en tout genre. Ça grimpe ça grimpe et nous apprécions le tour de montagnes Russes sans même rendre notre petit déjeuner.
Nous passons a coté de deux lacs avant d’attaquer une folle montée de lacets ultra serrés sur une piste qui ma foi, se dégrade de plus en plus. On a beaucoup apprécié le passage du col directement taillé dans la roche à plus de 4700 mètres. Nous redescendons dans une nouvelle vallée somptueuse et le bus nous dépose dans un petit patelin, synonyme de départ de notre trekk.
Nous nous remettons de ces 4 heures d’émotions fortes en savourant des sandwichs au riz au curry, Guacamole et Jamon (R-r-ramon, jambon fumé pour les amateurs) pour pas qu’il y ai de failles, pour rester grand et fort quand nous serons dans la bataille ! Tambour battant, fidèles et fraternels nous attaquons notre premier jour de marche sur les coups de midi.
Nous descendons tout en bas de la vallée, traversons une première rivière et commençons à contourner une montagne et remontant la pente descendue ( fait chier ). La civilisation est encore présente a ce stade et les petits chemins sinueux entre habitations et cochons sont un régal.
On découvre ensuite une nouvelle vallée qui semble partir tout droit vers des sommets vertigineux. La pluie ainsi que l’orage font leur apparition sur les coups de 15h30 et nous force à monter le camp du soir. Nous sommes actuellement aux alentours de 3800 mètres d’altitude, l’acclimatation est parfaite et la condition physique est au rendez-vous. Aujourd’hui j’ai même surpris Jérem à faire un semblant d’humanitaire entre ces stupides moments de capture perpétuelle d’image qu’ont ces maniaques de l’objectif photo.
Prévisions de la journée de demain : ( On souffre déjà )
- 7 heures de marche ( à réaliser jusqu’a 14h, Max ).
- Un col de plus de 4700 mètres à franchir avant de redescendre sur une autre vallée.
- De la neige au réveil ?
-des paysages féeriques ( Sa coule de source )
Nous tenons un mental d’acier, inébranlable ! Force et honneur !
Jour 2 :
Entre les prévisions et la réalité, il y a toujours une différence, surtout avec deux personnes comme nous. On rate notre réveil et le temps de plier tout le camp, nous partons à 8h avec une heure de retard sur l’horaire ( dans le fond, est on vraiment pressé ? ).
Le début de la marche est assez difficile, il nous faudra bien une heure pour nous mettre en jambe. Heureusement pour nous, les deux premières heures de marche se font plus ou moins sans dénivelé. Nous longeons pendant un long moment un marécage qui forme une grande plaine avant de nous enfoncer dans une foret très éclaircie et quelque peu magique.
Les vaches nous tiennent compagnie et nous croisons également un petit troupeau de chevaux. Tous ces animaux doivent forcement appartenir à quelqu’un mais ils ont l’air d’être livré à eux même en pleine montagne pendant des jours, des semaines voir des mois. Nous apercevons même a un moment une vache qui se met à l’escalade, broutant tranquillement en plein milieu d’une pente vraiment vraiment très pentue ...
Nous quittons la ¨foret¨ et la vallée se resserre et commence a s’enfoncer véritablement au coeur des montagnes. Le chemin s’écarte du fond de la vallée pour commencer à sérieusement prendre de l’altitude. On monte toujours plus haut et on souffre, surtout après la pause repas. Nous commençons a flirter avec les glaciers et la haute montagne qui se dessine de plus en plus nettement en face.
A partir de midi, le ciel devient chaotique ( comme tous les jours ). Les nuages se forment à une vitesse ahurissante, tournent, partent dans les vallées ou disparaissent. Le col n’est plus très loin, à environ deux heures mais vu fatigue accumulée et l’orage qui gronde nous choisissons la sécurité et nous montons le camp dans un endroit plat, peut être le dernier avant notre sommet. Nous voila tout juste installé que la pluie fait son apparition. Elle se transformera rapidement en averse de grêle. La tente tient bon, heureusement.
Nous profitons de ces 4 heures de tempête pour nous reposer. La journée il fait très chaud grâce au soleil qui cogne vraiment très fort mais dès qu’il est caché par une épaisse couche de nuages, le froid arrive très vite. Même si c’est interdit, nous entreprenons de faire un feu afin de préparer les repas de demain ( nous sommes très juste en gaz ... ) On se caille pendant deux heures à la frontale et nous voila enfin sous la tente.
A approximativement 4500 mètres, la nuit risque d’être glaciale. Le passage du col tôt dans la matinée promet un spectacle magistral avec un ciel entièrement dégagé. Nous sommes pour le coup véritablement perdu en pleine Cordillera Blanca et les émotions sont fortes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Force et honneur ( la phrase de la journée pour garder la motivation ) dans un froid glacial.
Jour 3 :
Le rêve utopiste d’un ciel dégagé dans la matinée fut très rapidement brisé par le réveil et l’ouverture de la tente. Nous sommes en plein milieu d’un brouillard épais, se moquant ouvertement de nous en laissant entrevoir de temps en temps des bouts de vallées et de montagnes.
Nous partons a l’assaut du col sur les coups de 8 heures avec l’espoir que le soleil et le vent chassent cette brume. L’espoir s’envole malheureusement rapidement avec la pluie qui fait son apparition. Nous enfilons nos ponchos et continuons notre folle montée. On ne voit évidement toujours rien et sa sera la même chose durant toute la journée.
On fait une pause repas sous un rocher qui nous sert partiellement d’abri et nous reprenons notre route.
On distingue le col dans la brume et le chemin prend des airs de périple religieux dans un environnement chaotique, de cimetière de pierres et d’eau ruisselante, cherchant à fuir coûte que coûte la montagne sans jamais former de ruisseau.
A ce stade, la neige, qui ressemble plus a de petits bouts de glace a remplacer la pluie et tombe avec plus d’intensité qu’auparavant.
L’émotion en arrivant au col reste intense. Comme on dit, à chacun ses exploits. Cette ascension jusqu’a 4750 mètres est pour nous un grand moment que même la météo ne peut perturber.
(oui oui tres heureux nous sommes)
Déçus de ne pas pouvoir admirer un somptueux panorama composé de nombreux pic à plus de 5600 mètres, nous cherchons un endroit pour planter la tente pour la journée en espérant que le temps soit plus clément demain. On trouve enfin un espace plat une demi-heure en dessous du col.
Un léger moment d’éclaircit dans la brume nous permet d’apercevoir la vallée en contre bas ainsi que plusieurs lacs, dont un est vraiment magnifique au pied des sommets. Le campement est monté aux alentours de 13 heures et nous voila bloqué jusqu’a demain dans le froid et la neige qui tombera encore jusqu’a 16 heures. Les heures d’inactivité sont longues et les corps difficiles a réchauffer ( Pas de sous entendu, on vous voit venir. ).
Nous souhaitons rester encore deux jours de plus, mais le gaz ainsi que la nourriture commencent à se faire rare. De plus, si le mauvais temps perdure, nous essayerons de rentrer directement demain à Huaraz. Il reste encore 8 heures de descente mais au moins, on ne souffrira plus de cette montée vertigineuse et sans fin.
Nous avons dans l’espoir de recevoir les rayons chaleureux du soleil afin de réchauffer les corps et de redonner courage aux esprits.
Plus que jamais ce soir, Force et Honneur.
Jour 4 :
Le réveil se fait dans le froid ( Une fois de plus ... ), dans un reste de neige et dans la brume. Elle se dégagera partiellement une demi-heure plus tard pour nous laisser apercevoir quelques sommets enneigés et se sera tout pour la journée.
Le gaz nous lâche dès le petit-dej qui sera donc notre seul repas de la journée. Nous n’avons désormais plus le choix, il faut terminer le trekk aujourd’hui. Nous nous lançons donc dans une folle descente plus déterminé que jamais.
La brume ne sera présente que sur les hauteurs, recouvrant les montagnes d’un voile blanc magnifique et nous avons en permanence une vue parfaite sur les vallées.
La pluie ne tombera que très peu aujourd’hui ne gênant en rien notre progression. Cette journée sera largement la plus satisfaisante du trekk. Les deux premières heures de marches sont une descente vertigineuse de la haute montagne sur un chemin escarpé, passant sur la droite d’un lac de glacier saisissant.
La pente s’adoucit ensuite laissant place à une haute vallées dégagé sans grande végétation. Nous plongeons ensuite avec la rivière dans une flore a moitié tropicale et très particulière. Nous aboutissons ensuite dans une immense plaine plate composée uniquement d’herbes, de petits ruisseaux et de marécages. Les chevaux, plus libres que quiconque se comptent par dizaines, broutant et galopant dans cette immensité sauvage.
Nous contournons ensuite deux lacs majestueux, le premier immense et pur. L’odeur qui se dégage de la rivière a des senteurs marines et son lit est fait de sable. Le second lac est recouvert en partie de tourbières et de roseaux et prend a des moments des couleurs rouges et marrons.
Les montagnes qui nous entourent sont vertigineuses et impressionnante de par leur falaises et roches aiguisés, taillées comme des lames affûtes. Au fur et à mesure que nous continuons de descendre, la vallée se resserre et la végétation apparaît de plus en plus.
Des murs en ruine bordent le chemin et le mélange harmonieux de la rivière, des arbres et des pierres font ressortir une magie quasiment palpable. Nous pensons rapidement à la foret de Brocéliande ( Nous nous attendons a voir a tout moment des licornes, fées et autres créatures de la foret. ), les ressemblances sont frappantes, avec les montagnes en bonus.
Sur la fin de la journée, la vallée se resserre encore plus et descend a pic. Le courant de la rivière est impressionnant de par sa force. Nous sommes plus dans des gorges que dans une vallée. Le chemin passe en plein flanc de la montagne avec d’un coté les falaises et de l’autre le précipice avec vue sur la rivière en contre bas.
Nous sortons enfin de ce coupe gorge après 8 heures de marche et 1700 mètres de dénivelé négatif avec les épaules ravagées par les sacs de 15 kilos qui nous ont pesés pendant 4 jours, les genoux en compote et les pieds en feu. Quel merveilleux sentiment que celui de l’aboutissement final de notre périple grandiose, que ni la douleur, ni la fatigue, ni la faim, ni le froid, ni la brume ne pourront altérer.
Les paysages somptueux défilent encore dans nos têtes lorsque nous sommes dans un taxi qui nous emmène dans la vallée. Mais nous sommes également impatient de rentrer chez Victor, retrouver le confort simple d’un lit, d’une douche, d’un bon repas, et de la chaleur douce d’une maison après 50 kilomètres de marche.
Nous ne savons pas encore à ce moment là que la seconde partie de la journée va être le moment le plus dur et le plus dangereux de notre voyage. Nous allons être confronté a un véritable test de survie, d’une peur omniprésente de ne pas pouvoir rentrer entier chez Victor.
Mais ceci est une autre histoire. A suivre d’ici peu ...
Le saviez-vous? :
Au Pérou, il est possible de doubler un policier a moto par la droite, de le photographier entrain de faire ses courses ou de l'ignorer totalement lorsque qu'il nous appelle avec son sifflet et meme de lui faire un croche patte !! Morale de l'histoire ? Il n'ont vraiment aucune crédibilité...
gallerie photo disponible : treck de santa cruz